C. Un espace d’échanges économiques et culturels

1. Une zone commerciale

La Méditerranée est un espace d’échanges commerciaux entre l’Occident (minerais, bois) et l’Orient (épices, soie) qui se développe malgré les croisades. En effet, non seulement les guerres n’empêchent pas de faire du commerce mais en plus, l’expansion chrétienne favorise le commerce : les marchands et les Croisés empruntent les mêmes routes et des ports de commerce passent sous le contrôle des chrétiens (Palerme, Acre).

Les cités marchandes italiennes (Venise, Gênes) du fait de leur position géographique idéale et de leur diplomatie influente, sont les principales bénéficiaires du commerce méditerranéen. Venise s’impose ainsi comme une puissance commerciale et militaire. En effet, la cité italienne qui bénéficie de privilèges commerciaux accordés par Byzance (annulation des taxes dans les ports de l’Empire) installe des comptoirs tout autour de la Méditerranée. Elle dispose d’une flotte de guerre importante grâce à laquelle elle protège ses navires de commerce. En 1204, elle s’appuie sur sa puissance pour détourner la quatrième croisade vers Constantinople qui est alors pillée : Venise obtient alors des territoires byzantins.

2. Un espace d’échanges culturels

La Méditerranée est un espace d’échanges culturels favorisé notamment par la circulation de voyageurs à l’image des pèlerins qui se rendent à Jérusalem ou à La Mecque.

Certaines villes de Méditerranée ont un fort rayonnement culturel et scientifique et attirent de nombreux intellectuels qui profitent ainsi de l’enseignement qui s’y diffuse comme à Tolède en Espagne.

De ces échanges, l’Occident emprunte beaucoup à la culture arabo-musulmane dans des domaines variés : mathématiques (algèbre), sciences et techniques (navigation), philosophie…

Les contacts entre les civilisations chrétienne et musulmane favorisent les traductions des manuscrits arabes en latin faisant redécouvrir certains textes grecs comme les écrits d’Aristote traduits du grec vers l’arabe.

La Méditerranée est un espace où se succèdent et cohabitent différentes cultures. Cet héritage multiculturel se retrouve par exemple dans l’architecture et l’urbanisme de certaines villes de la péninsule ibérique comme Cordoue (églises ↔ mosquées). La ville de Jérusalem est également l’illustration du croisement de ces cultures différentes.


Documents

– Vidéo : Venise, puissance commerciale et militaire

– Vidéo : Cordoue, au croisement des cultures

B. Un espace de conflits entre croisade et Jihad

1. Le Proche-Orient

En 1095, lors du Concile du Clermont, le pape Urbain II lance un appel à la croisade contre les Turcs pour restaurer le pèlerinage du Saint-Sépulcre à Jérusalem et venir en aide aux Chrétiens d’Orient en réponse à l’appel à l’aide de l’empereur byzantin. Le pape y voit également l’occasion de détourner les seigneurs chrétiens de leurs habitudes violentes de se faire la guerre. En échange de leur engagement, le pape accorde aux croisés la promesse du pardon de leurs péchés (indulgences).

L’appel du pape est entendu et mène à la prise de Jérusalem en 1099 par les Francs qui établissent alors les États latins d’Orient : le royaume de Jérusalem, la principauté d’Antioche, les comtés de Tripoli et d’Edesse.

La réaction des musulmans, mobilisés contre les croisés (Jihad) par les Turcs Zengi et Nur ad-Din puis le Kurde Saladin est un succès : Edesse (1144) puis Jérusalem (1187) sont reprises par les musulmans.

Par la suite d’autres croisades sont menées afin de défendre, en vain, les États latins d’Orient qui disparaissent en 1291. Ces croisades créent également des tensions entre les deux mondes chrétiens comme en témoigne la prise et le pillage de Constantinople par les croisés en 1204 (quatrième croisade).

2. La Péninsule ibérique

Au VIIIe siècle, les musulmans étendent leur domination sur la péninsule ibérique. Une large partie de l’Hispanie est alors sous le contrôle du califat omeyyade de Cordoue (Al-Andalus) jusqu’au XIe siècle.

Les chrétiens, cantonnés au Nord, profitent de la fragmentation du califat de Cordoue (taifas) pour reprendre des territoires aux musulmans et s’étendre vers le Sud : c’est le début de la Reconquista symbolisée par la prise de Tolède par le roi de Castille en 1085.

En 1212, la victoire de Las Navas de Tolosa ouvre la voie à la reconquête rapide par les chrétiens d’une grande partie des territoires musulmans de la péninsule ibérique. Seul le royaume de Grenade, tout au Sud, reste sous le contrôle des les musulmans. Il tombe en 1492.

La péninsule ibérique est un espace où cohabitent des communautés différentes (chrétiens, juifs, musulmans). Si la Reconquista pousse certains musulmans à fuir, les rois chrétiens font néanmoins preuve d’une relative tolérance envers les minorités religieuses (chartes sur la Maures au Portugal).


Vocabulaire

Al-Andalus : expression qui désigne les territoires de la péninsule Ibérique contrôlés par les musulmans entre 711 et 1492.

Croisades : expéditions militaires organisées par le pape dans le but permettre le pèlerinage en Terre sainte. => guerre sainte

Guerre sainte : guerre “légale” lancée par les autorités religieuses au nom de Dieu contre les infidèles.

Indulgences : dans la chrétienté, réduction ou annulation du temps de Purgatoire (avant l’accès au Paradis) pour le croyant.

Jihad : guerre sainte pour combattre les chrétiens et unifier le monde musulman.

Reconquista : reconquête, par les royaumes chrétiens, des territoires de la péninsule Ibérique alors contrôlés par les musulmans.