B. La constitution d’Empires coloniaux

1. La domination de l’Espagne et du Portugal sur le « nouveau monde »

Le traité de Tordesillas (1494) « partage » le nouveau monde entre les deux principales puissances maritimes : l’Espagne contrôle l’Amérique latine (sauf le Brésil) tandis que le Portugal a la main mise sur l’Afrique et une grande partie de l’Asie.

Les conquêtes d’Amérique latine permettent l’Espagne mais aussi au Portugal (Brésil) et constituer des empires coloniaux grâce aux colonies qu’ils façonnent sur le modèle européen : administration, lois, universités… L’immigration vers ces colonies est favorisée et le commerce avec elles se développe.

La colonisation de l’Amérique latine au XVIe siècle aboutit à la destruction d’une grande partie des Amérindiens, notamment à cause de la propagation de nombreuses maladies (grippe, typhus, variole) apportées par les Européens : on parle de choc microbien.

2. La violence des conquistadores

La colonisation de l’Amérique latine est rapide. Après avoir débarqué au Mexique en 1519, Cortès soumet ainsi l’empire Aztèque et prend leur capitale Tenochtitlan en 1521. Au Pérou, Pizzaro fait rapidement tomber l’empire des Incas (1532-1534). Pourtant les conquistadores sont peu nombreux face aux tribus autochtones.

Pour imposer leur domination sur Amérindiens, les conquistadores espagnols usent de la force (massacres, asservissement) mais aussi de la ruse en s’appuyant sur les divisions entre les différentes tribus adverses dans un contexte où les épidémies affaiblissent les populations locales.

Toutefois, certaines voix s’élèvent contre les violences commises par les conquistadores à l’image du dominicain Bartolomé de Las Casas qui prend la défense des Amérindiens lors de la controverse de Valladolid (1550).

3. Acculturation et rôle de l’Eglise

La colonisation des Européens s’accompagne d’une acculturation qui s’explique par l’importation des modes de vie occidentaux, en particulier en Amérique latine (édification de cités coloniales calquées sur les grandes villes européennes) mais aussi par l’action de l’Eglise.

L’évangélisation (= conversion au christianisme) est étroitement associée aux explorations espagnoles et portugaises. Elle sert à justifier la colonisation : il s’agit d’apporter la « civilisation » à des populations aux coutumes considérées comme dépravées (cannibalisme). Des missionnaires dominicains, franciscain et jésuites se rendent ainsi en Amérique, en Afrique et en Asie à l’image de François-Xavier qui voyage vers l’Inde (1542) et le Japon (1549) pour christianiser, souvent de force, les populations autochtones. Ils luttent alors contre les croyances religieuses des population colonisées : l’Inquisition persécute les Amérindiens au XVIe siècle.

Vocabulaire

Acculturation : transformation ou destruction d’une culture par une autre qui la domine.

Autochtone : terme qui désigne une personne qui est née dans le lieu où elle habite (= natif).

Choc microbien : diffusion de maladies contagieuses sur un territoire dans lequel les populations ne sont pas immunisées (= naturellement protégées). On considère aujourd’hui que la disparition d’une grande partie des population amérindienne au XVIe siècle a principalement été causée par l’introduction de maladies contagieuses en Amérique latine par les Européens.

Colonie : territoire occupé et contrôlé par une nation en dehors de ses frontières, et lié politiquement et économiquement avec la métropole => Espagnols >> Mexique

Conquistador : nom donné aux Espagnols qui ont participé à la conquête de l’Amérique au XVIe siècle.

Évangélisation : conversion au christianisme.
Au XVIe siècle, il s’agit de convertir les populations autochtones au catholicisme, religion dominante dans la péninsule ibérique (Espagne, Portugal).

Inquisition : tribunal mis en place par l’Eglise pour juger les hérétiques (= personne qui n’adhère pas aux croyances des Catholiques).

Missionnaire : religieux chargé de propager la foi.

Documents

– Vidéo : La conquête de l’empire des Incas par Pizzaro

A. Un « nouveau monde » se dessine

1. Les raisons d’un tournant vers l’Atlantique

Au XVe siècle, les échanges entre l’Occident et l’Orient sont importants. La route de la soie est depuis longtemps la voie privilégiée pour faire venir d’Orient parfums, épices, soieries et pierres précieuses.

Mais la prise de Constantinople par les Ottomans en 1453 marque l’extension de la domination turque sur la Méditerranée orientale et par conséquent sur les routes commerciales traditionnelles vers l’Orient.

Les Européens, et en particulier l’Espagne et le Portugal, cherchent alors de nouvelles routes vers l’Asie, via l’Atlantique, pour contourner les contraintes imposées par les Turcs (taxes portuaires). Les navigateurs souhaitent également évangéliser les populations qu’ils rencontrent.

Cette ouverture vers l’Atlantique est facilitée par le fait qu’au XVe siècle les Européens disposent d’outils modernes pour la navigation (boussole, astrolabe) diffusés par les marchands arabes mais aussi de navires plus sûrs pour affronter la haute mer (Caravelle).

2. Les « grandes découvertes »

Les Portugais lancent des expéditions maritimes le long des côtes africaines (Açores, Cap-Vert, São Tomé) avec l’idée de contourner le continent pour rejoindre l’Asie. En 1488, Bartolomeu Dias atteint et passe l’extrémité de l’Afrique, le cap de Bonne-Espérance. Il a ainsi ouvert la voie à Vasco de Gama qui est le premier arriver jusqu’aux Indes en contournant l’Afrique.

Les Espagnols ne sont pas en reste. En 1492, les rois d’Espagne financent une expédition dirigée par le marin génois Christophe Colomb, dans le but de rejoindre l’Asie en traversant l’océan Atlantique. Colomb, pensant avoir atteint le Japon (« Cipango ») accoste en réalité sur un nouveau continent : l’Amérique.

Ces explorations ouvrent la voie à la découverte d’un « nouveau monde » grâce à des navigateurs européens audacieux tels que Magellan (tour du monde), Pedro Alvares Cabral (Brésil) ou encore Jacques Cartier (Canada)…